Plume noire

plume noire
c’est le nom que tu t’étais donné pour écrire tes poèmes
c’est vrai qu’i’étaient dark tes poèmes
pourtant toi tu l’étais pas
à part p’t-être par p’tits bouttes
que tu prenais pas trop le temps d’attacher ensemble anyway
parce que ta vraie plume c’tait ton sourire
grosse balloune d’amour que tu laissais éclater en rire en nous passant tes grosses pattes autour du cou
t’aimais ça nous embrasser comme les frères que t’avais pas eus
comme des chums que rien séparerait jamais
même les conneries de chum
je parle au passé parce que ça fait ben trop longtemps
ben trop longtemps qu’on a passé des nuits ensemble
ben trop longtemps qu’on a arrêté de s’inventer des mondes
d’y jouer nos jeux
de se raconter des histoires
ben trop longtemps qu’on s’est juste parlé pour la peine
trop longtemps même pour t’avouer que j’écris pu ben ben pis que j’ajoute les ben ben un peu par politesse
je parle au passé mon reno
ça c’est le nom qu’on te donnait nous autres
parce qu’on n’était pas ben originaux pour des gars qui se pensaient fin finauds
je parle au passé parce que
crisse
39 ans, man
j’y arrive à peine
pis toé t’es déjà plus là
t’avais toujours onze mois d’avance dans le jeu des planètes qui se font la course autour du soleil
c’est de même que j’me rappelais ta fête
mais là le vent a pogné dans ta plume big time
on la reverra pas par icitte pour une escousse
elle pis ses alexandrins un peu pesants des fois
même sur facebook où tu restais jusqu’à cette semaine aussi vrai et généreux
on te reverra pu trop
tu m’en voudras pas, hein, François, si je m’accroche encore un peu icitte avant de te rejoindre?
je te promets d’écrire plus
parce que c’est de même qu’on se parlait
de donner plus
surtout à ceux que j’aime
en pensant à ton coeur plus gros que les autres
pis de rire plus
en écho à ton rire qui s’éteindra jamais

Photo : Matthieu Larente, Facebook