Aujourd’hui, c’est Pâques. Nous célébrons la Résurrection du Christ qui, comme le printemps transforme en un univers de nouveaux possibles ce que l’hiver avait figé, nous invite à nous élever au-delà des schèmes et des barrières du passé pour trouver, en nous, l’espoir et la force de bâtir et de croire en un monde meilleur.
Associée à la nature qui reprend vie au printemps, l’eau courante qui coule des ruisseaux à Pâques est une eau nouvelle et fraîche; on lui attribue un pouvoir magique de guérison et de protection.
La résurrection, riche de symboles, s’applique certes parfaitement à la mort et à la sérénité qu’on peut trouver dans l’abandon des limites d’un corps qui a perdu de sa jeunesse, pour entrer dans un état de paix face à un « après » pourtant inconnu, mais qu’on accepte de croire meilleur, libérateur.
Mais ce n’est pas par accident non plus si, à Pâques, on fait la part belle aux enfants. Les chocolats, les cocos, les becs mouillés des matantes! C’est parce que pour eux, c’est le cadeau de la vie, encore si longue, encore si pleine d’aventures et de mystères, encore si riche de montagnes à gravir et de sentiers à défricher, qui contient la promesse d’un monde meilleur… et pas seulement pour eux: pour nous aussi! Si les enfants perdaient espoir, c’est nous tous qui serions perdus.
Avec Ti-nous, ce matin, nous sommes sortis « cueillir l’eau de Pâques ». Nous l’avons puisée dans le ruisseau de Clément, besogneux et ancien propriétaire de la maison que nous avons achetée. C’est une vieille tradition, dirons-nous, une superstition païenne, sans plus.
Il faut la cueillir dès l’aube avant le lever du soleil le dimanche de Pâques. […] La plupart s’entendent pour qu’elle soit recueillie à contre courant, c’est-à-dire dans le sens inverse d’où elle coule sous peine qu’elle ne se conserve pas.
Mais ce matin, sur l’île aménagée par Clément, pendant que le soleil dansait et que le vent doux du printemps portait le chant de tous les oiseaux, impérieux aux nouvelles d’épidémies et autres atrocités, le simple fait de faire vivre cette tradition une génération de plus, constituait en soi, pour nous, un geste d’espoir. Une salutation bien sentie au miracle de la vie.
Fêter Pâques, c’est croire que tous les malheurs, petits et grands, les échecs et les déceptions, la mort ou la peste, sont des passages, des traversées. Et que de l’autre côté — non par quelque volonté divine, mais par la force d’une lumière que nous portons en nous et qu’il nous appartient de faire briller — il y a un jardin nouveau à cultiver.
Selon la luminosité du jour, on dit que le matin de Pâques le soleil danse pour souligner la résurrection du Christ.
Clément, notre voisin, notre ami, est décédé il y a une dizaine de jour. Ça s’est fait paisiblement. Il avait bien vécu, dans l’amour, la bonne humeur et la générosité. C’était un homme bon, ça se lit sur le visage de sa femme, Claire, rayon de lumière. Notre descendance, qui grandit sur la terre qu’il a tant aimée, admire les arbres qu’il a plantés et jouera dans les jeux qu’il a imaginés, est promise à une enfance clémente.
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Toutes les citations: Réseau de diffusion des archives du Québec, exposition virtuelle Coutumes et culture